Après les enfants-rois, les enfants-explosifs...

Citation :

Enfants explosifs

Le règne des petits monstres

Jean-Philippe Pineault
Le Journal de Montréal
16/10/2006 07h37

Vous pensez avoir tout vu avec les enfants-rois ? Détrompez-vous, il y a maintenant pire : les enfants «explosifs», qui n'hésitent pas à hurler, à injurier ou même à battre leurs propres parents pour obtenir ce qu'ils veulent.

Les profs de maternelle ou du primaire doivent de plus en plus composer avec ces enfants-rois à la puissance dix.


Le phénomène des explosive children ou inflexible children commence à peine à être connu au Québec, mais est déjà passablement documenté chez nos voisins du sud.


«Des enfants à qui on a tout donné...»

Un job qui n'est pas de tout repos


Remarques vulgaires à leurs profs, cris et hurlements quand ils n'ont pas ce qu'ils veulent, coups de pied et morsures : des élèves de 5 à 8 ans sèment le bordel dans certaines classes.


«Ils sont irritables, ont un tempérament difficile et sont facilement frustrés. C'est extrêmement difficile à gérer», affirme le psychologue scolaire Richard Gagné.


Sa collègue Solange De Garie abonde dans le même sens.


«Ils agissent comme les enfants de deux ans à qui on dit non. J'ai pas ce que je veux, j'explose», explique la psychologue scolaire.


C'est le «zoo»


Les profs de maternelle, où les enfants explosifs sont omniprésents, en savent quelque chose.


«J'ai une collègue qui a été obligée d'aller à l'urgence en début d'année parce qu'elle s'est fait mordre au sang par un élève. C'est carrément le zoo», raconte Pierre Pelletier, prof à la maternelle cinq ans.


«Ça braille, ça hurle ; c'est le chaos. On est au mois d'octobre et il y a encore des enfants qui frappent leurs parents parce qu'ils ne veulent pas venir à l'école», ajoute-t-il.


Des profs se donnent en spectacle


Craignant d'être pris à partie par les élèves explosifs, certains jeunes professeurs qui débutent dans le métier décident de «jouer les cool».


«Ils ne veulent pas se les mettre à dos. Pour se faire accepter, ils leur donnent des permissions et tolèrent des remarques déplaisantes.


«J'ai déjà vu une jeune prof se faire dire Ouain, t'as un beau cul», relate le psychologue Richard Gagné.

Citation :

«Des enfants à qui on a tout donné...» Jean-Philippe Pineault
Le Journal de Montréal
16/10/2006 07h37


«Il y a 30 ans, les jeunes présentant des troubles de comportement étaient des enfants négligés, abandonnés ou battus. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Ce sont des enfants à qui on a tout donné...»


Le psychologue scolaire Richard Gagné montre notamment du doigt les parents trop permissifs pour expliquer l'émergence des enfants-rois «explosifs».


«On est passé d'un mode ultra-punitif, comme la strappe dans le bureau du directeur, à une éducation très laisser-faire», fait valoir le spécialiste.


Se sentant coupables d'avoir dû confier leur progéniture à la garderie ou à l'école toute la journée, les parents essaient de se faire pardonner une fois à la maison.


Parents et amis


«Les parents veulent d'abord être des amis de leur enfant. Mais ce n'est pas leur job. Ils doivent se positionner comme figure d'autorité», affirme pour sa part la psychologue scolaire Solange De Garie.


Sa collègue Anne Julien est aussi de cet avis. «Les parents vivent une certaine culpabilité de ne pas être là (à la maison). Alors ils ne veulent pas écoeurer leur enfant lorsqu'ils sont ensemble», dit-elle.


«Poupées de porcelaine»


Souvent issus de familles peu nombreuses, les enfants-rois grandissent dans des environnements où ils ont accès à tout ce qu'ils désirent.


«Bien des gens attendent jusqu'à 30 ou 35 ans avant d'avoir un enfant. Et souvent ils en ont seulement un, alors il devient le centre de l'univers», fait valoir M. Gagné.


Selon la psychologue De Garie, les parents traitent aussi leurs enfants comme s'ils étaient extrêmement fragiles. «Ce sont des petites poupées de porcelaine qu'on veut protéger de tout», dit-elle.


À ce chapitre, l'enseignant de maternelle Pierre Pelletier remarque que certains parents sont aussi déchirés que leurs enfants quand vient le temps de s'en détacher le matin à l'école.


«Il faut les chasser de l'école. Il y avait une mère qui, après y avoir conduit son enfant, allait vérifier dans les fenêtres de la classe qu'il était correct. Quel genre de message cela envoie-t-il à l'enfant ?», conclut-il.


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5 conseils pour redresser un enfant explosif

1 Les parents doivent se rentrer dans la tête que c'est à leur enfant d'obéir à leurs directives, et non l'inverse.
2 Mettre en place un système de récompenses en fonction de l'obéissance. Marchander par exemple l'accès aux jeux vidéo et aux bonbons.
3 Punir lorsqu'il y a un écart de conduite. Ne pas attendre d'avoir dépassé les limites.
4 Pratiquer l'enfant à répondre à des demandes simples. Par exemple, lui demander de sortir les poubelles.
5 Faire comprendre à l'enfant qu'il fait plaisir à ses parents lorsqu'il fait ce qu'on lui dit. Il prendra goût à être obéissant.

Sources : Richard Gagné et Anne Julien, psychologues scolaires


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Des vertes et des pas mûres


Battue par son fils


Une enseignante de Granby a été sonnée lorsque la mère d'un de ses élèves lui a demandé : «Est-ce que mon fils vous frappe parfois ? Non ? Je suis rassurée, c'est donc juste à moi qu'il fait ça...»


Manipulation 101


Un élève de deuxième année du primaire manipulait très bien ses parents. «À chaque fois que ses parents venaient le chercher, il se mettait à brailler, comme s'il avait été battu toute la journée», relate un prof de Montréal. Multipliant les crises, l'enfant de sept ans s'est arrangé pour ne pas retourner à l'école, convainquant ses parents de lui faire la classe à la maison.


Coupe gratuite


Frustré d'avoir été puni par son enseignante, un élève de Montréal a décidé de se venger. L'enfant a profité du fait que sa prof parlait avec un autre enfant pour passer derrière et lui couper quelques mèches.


Destruction massive


Un enfant explosif qui n'avait pas obtenu ce qu'il voulait a décidé de foutre le bordel dans sa classe. Pendant sa crise de plusieurs minutes, l'élève a renversé les pupitres et lancé les effets scolaires. N'ayant pas le droit de le saisir, l'enseignante a été forcée de sortir les autres élèves de la classe et de laisser le jeune tout détruire.


Vulgaires


«Ma chienne», «ma tabar...», «ferme ta gueule» : les élèves explosifs n'ont pas la langue dans leur poche, constate le psychologue scolaire Richard Gagné, qui a souvent vu ces enfants se mettre à insulter leur prof lorsqu'ils n'ont pas ce qu'ils veulent.


«Il ne veut pas dormir»


L'enseignant à la maternelle Pierre Pelletier a remarqué qu'un de ses élèves était bougonneux. «J'en ai parlé à un de ses parents et il m'a dit qu'il se couchait à 9 h-9 h 30. Je lui ai dit que c'était trop tard, qu'il devait ce coucher avant. Son parent m'a répondu : Oui, mais il ne veut pas se coucher», raconte, ébahi, M. Pelletier.

Mon Dieu... C'est horrible! Je pense que ça donne matière à réfléchir tout ça... Je me demande aussi comment nos parents faisaient lorsque nous étions bambins. J'ai l'impression que plus on avance dans le temps et plus les valeurs morales et de bienséance se perdent...