PARIS (Reuters) - Floyd Landis, contrôlé positif après sa victoire à Morzine le 20 juillet dans la 17e étape du Tour de France, examine ses moyens de défense.
Il sera confronté à une méthodologie antidopage de plus en plus précise, très rarement coupable de vices de procédure.
Le cyclisme va tenter de profiter de cette affaire pour renforcer ses lois et son combat contre les tricheurs.
La lutte anti-dopage suit des étapes qui garantissent le résultat de l'analyse, quel qu'il soit. Les organisateurs des courses cyclistes, les transporteurs puis les analystes s'entourent de toutes les précautions.
Si le vainqueur du Tour de France va tenter, avec l'aide de médecins et d'avocats, d'infirmer la positivité de son contrôle, la partie risque d'être délicate pour lui.
Jeudi 20 juillet, une demi-heure après sa victoire à Morzine, Floyd Landis s'est rendu au contrôle anti-dopage dans le camping-car installé à cet effet par la société ASO. Il y a été reçu par un inspecteur médical de l'UCI et par deux médecins contrôleurs mandatés par le ministère français des sports qui supervisent le conditionnement des échantillons congelés ou réfrigérés.
Le convoyage des flacons s'effectue le soir même par avion, affrété par ASO, vers le Laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD) à Châtenay-Malabry. L'appareil se pose sur la piste du Bourget au nord de Paris et le colis est pris en charge par un transporteur qui les détient le moins longtemps possible afin de limiter les risques.
"Ces flacons arrivent entre 18 heures et minuit", précise Jacques De Ceaurriz, le directeur du laboratoire. "Nous payons des gardiens qui les mettent ensuite en lieu sûr. Nous les analysons le lendemain matin à l'ouverture de nos bureaux et nous engageons à donner les résultats entre 24 et 48 heures plus tard. Cela peut atteindre 96 heures pour certains cas positifs problématiques."
250 MOLECULES
La lecture de l'échantillon A est pré-programmée. Les analystes ne décident plus de la substance qu'ils vont rechercher mais se livrent à une opération de "screening" permettant de détecter à la première lecture les traces éventuelles de 250 produits dont la liste est remise à jour régulièrement par l'Agence Mondiale Anti-Dopage.
"Cinq procédures permettent de balayer 250 molécules", poursuit De Ceaurriz. "Si nous ne sommes pas alertés pendant cette opération, le flacon est classé négatif. Si la machine nous signale la présence d'un produit, nous lançons une procédure de confirmation. La molécule ou métabolite est ciblée et rapidement identifiée. Le doute n'est pas possible. Nous établissons un constat sans tenir compte de la prescription médicale dont bénéficie le sportif dont ne savons ni le nom, ni l'âge. Nous n'avons aucune indication qui nous permettrait de spéculer sur l'identité du sportif."
Quand le Laboratoire a communiqué le résultat de l'analyse de cet échantillon à l'UCI, à l'AMA, à l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), il ne savait pas qu'il s'agissait de Floyd Landis. Le code figurant sur le flacon a permis à l'UCI d'établir la relation parce que chaque coureur a un code personnel.
L'UCI a donc prévenu l'équipe de Landis et sa fédération nationale. Le coureur suspect a demandé une contre-expertise (l'analyse de l'échantillon B) dont le résultat devrait être connu dans les 72 heures.
Si le premier verdict est confirmé, la fédération américaine aura un mois pour statuer. Il y a alors de fortes chances pour que le vainqueur du Tour soit suspendu deux ans. Dès lors, ses avocats devraient intenter une action devant le TAS, le Tribunal arbitral du sport, et pourront présenter les éléments capables d'expliquer l'agissement de leur client.
Si une prescription médicale a été actée en début de saison par l'UCI et formulée sur son carnet de santé, notamment pour aider Landis à soigner des problèmes de thyroïde, sa défense pourrait être jugée recevable.
La procédure, toutefois, sera longue et le cyclisme devra gérer une nouvelle situation de crise.
FAIRE UN EXEMPLE
A la lecture des réactions de tous les acteurs de ce sport, il existe une réelle volonté de faire de ce cas un exemple.
Patrick Lefévère, le président des Groupes Sportifs, affirme qu'il faut désormais se débarrasser des équipes trop souvent citées dans des affaires, et notamment Phonak qui totalise neuf cas de dopage en trois ans.
"Il en va de la survie de notre sport, nous ne pouvons plus tolérer de prendre le départ de courses avec des coureurs et des équipes qui n'ont rien compris", dit-il.
La puissante association des Groupes Sportifs avait fait le ménage en début de Tour en décidant de l'éviction de Jan Ullrich, Ivan Basso et neuf autres coureurs. Elle va intensifier son discours musclé ces prochains jours. Elle sera relayée par les coureurs, français notamment, qui veulent que tout coureur positif soit radié et mis hors d'état de nuire.
"C'est une affaire terrible", affirme Marc Madiot, le président des Groupes Sportifs Français, "mais il faut en passer par là."